Dignità !
11 ouvrières avec leur personnalité et leur singularité doivent prendre une décision pour l'ensemble de leurs camarades dans l'entreprise : réduire son temps de pause de 7 minutes ou prendre le risque que l'entreprise ferme et se délocalise.
Dans l’opéra 7 minutes, donné pour la première fois à l’Opéra de Lyon depuis sa création en 2019, le compositeur Giorgio Battistelli donne la parole à ces onze ouvrières qui doivent décider collégialement de leur avenir dans un huis clos intense entre désirs de révolte et rapports de force.
Les élèves du lycée Magenta ont pu découvrir le vaisseau immense de l'opéra de Lyon et assister à ce spectacle radical et intense d'une durée de deux heures et dix minutes.
Cet opéra en 3 tableaux est basé sur la pièce de théâtre 7 minuti de Stefano Massini. "Sept : ce sont les minutes que les employées d’une usine de textile doivent accepter de supprimer de leur pause journalière d’un quart d’heure. Inspiré de la lutte menée par les salariés de la dernière usine française de la marque Lejaby à Yssingeaux en Haute-Loire, l’opéra de Giorgio Battistelli aborde avec sagacité la question de la précarité des travailleurs et travailleuses face aux menaces de réorganisation économique. Jusqu’à quel point juge-t-on digne d’aller pour travailler ? Jusqu’à quel point se compromettre ?"
Un mot revient beaucoup dans les joutes chantées des 11 protagonistes, le mot dignità, dignité. Car c'est bien de cela dont il s'agit. 7 minutes cela pourrait paraître dérisoire mais sur une pause de 15 minutes par jour, c'est autant de temps pour ne pas pouvoir aller aux toilettes, boire un café, fumer une cigarette et discuter finalement de mauvaises conditions de travail qui pourraient conduire aux revendications, à la révolte, à la grève.
De nos haillons, tissons le linceul du vieux monde.
Blanche est la plus âgée, c'est elle qui revenant du comité de direction de l'entreprise, les "cravates" doit annoncer ce marché de dupe, elle qui a été exploitée toute sa vie. Face à elle, les plus jeunes ou les étrangères sont prêtes à céder pour survivre. Et comme dans le film de Sidney Lumet, 12 hommes en colère, les certitudes vacillent, l'individualisme recule dans ce conclave qui redonne de l'amour-propre aux damnées du textile. Dans une société de plus en plus égotique, où certains tel Faust signent un pacte avec le diable, ne pas accepter l'inacceptable, lutter pour ses droits, être solidaire sont des valeurs que ces ouvrières au final défendent avec courage et dignité : on ressort rasséréné.
Merci aux vaillants élèves qui m'ont accompagné dans cette nouvelle aventure à l'Opéra de Lyon. Merci à la Région AURA de financer le dispositif Lycéens et apprentis au spectacle. Merci au formidable accueil de toute l'équipe de l'Opéra de Lyon.
Quelques photos du spectacle :
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