Activités culturelles

Scarlett & Novak au TNG Ateliers - Presqu'île !

Par GUILLAUME LEBOURGEOIS, publié le dimanche 11 février 2024 17:47 - Mis à jour le dimanche 11 février 2024 18:09
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Incroyable mise en scène de Vladimir Steyaert pour l'adaptation de la nouvelle dystopique d'Alain Damasio, Scarlett et Novak.

Après avoir étudié la nouvelle d'Alain Damasio, Scarlett et Novak et travaillé avec le comédien Nicolas Dupont au TNG (Les Ateliers) sur la mise en voix de textes, les élèves de 1 AGOrA 2 ont assisté à la représentation de Scarlett et Novak puis à un bord de scène avec les comédiens et le metteur en scène Vladimir Steyaert le jeudi 8 février.

Scarlett et Novak c'est un récit d'anticipation dans une société où l'Homme est très dépendant de l'intelligence artificielle. Novak ne peut vivre et se débrouiller sans Scarlett, l'IA de son "brightphone". Il se fera agresser lors de son jogging et perdra toutes ses données et donc une  partie de sa vie pour finalement mieux la retrouver.

Vladimir Steyaert fait le choix d'inventer un long incipit pour décrire une société malade de sa consommation effrénée, une planète qui s'autodétruit. Il pose la question de l'addiction aux nouvelles technologies, de la solitude et de la perte de repères avec le monde sensible qui en découle.

Novak est dans un cube, ceinturé d'images, d'applications, de sollicitations.

Arrivera t-il à s'en libérer ?

Pour conclure, Nicolas / Novak balance le slam "une vie passée à caresser une vitre" que Damasio a souvent interprété et que vous pouvez écouter ci-dessous.

Au final, un spectacle coup de poing à la mise en scène efficace qui nous montre un avenir possible effrayant.

Merci au TNG, à Vanina Chaize pour son accueil, à Joris Mathieu  pour son opiniâtreté, à Ariane Courbet, Nicolas Dupont et Vladimir Steyaert pour leur disponibilité, à la Région AURA pour le financement et à Mme Irmann pour le soutien.

 

 

 

Une vie passée à caresser une vitre

 

Tu postes, tu likes, t’hésites, tu swipes,

tu cliques, tu scrolles, tu croules sous les notifs

et quand vient l’avalanche,

tu te bouches le nez et tu crawles

Tu surfes sur le vide,

l’iris éteint, rétine absente

Tout ce que tu touches n’a pas de poils, n’a pas de peau.

T’as 50 fenêtres ouvertes mais ton cœur se referme.

Une vie passée à caresser une vitre

gavé d’images qui ne te prendront jamais dans leurs bras,

de bombes et de bogosses trop chous

qui ne te diront jamais « oui » sous leurs draps.

T’as tous les sons du monde dans ton casque

mais t’entends pas ta fille quand elle te dit « papa ».

Tu dis que tu vibres :

mais c’est juste ton portable dans ta main.

Tu dis que tu vois —

mais c’est la caméra qui fait la mise au point pour toi.

Tu dis que tu sais —

mais tout ce que tu sais, c’est ton pote wiki qui le sait pour toi.

Au mieux, tu suis : les tutos, les tubeurs,

les leaders, les recos.

T’es tellement réactif, tellement, qu’en fait t’es réac.

Ta politique à toi, c’est trois likes sur une photo…

de qui ? de quoi ?

Tu te crois tellement hype et fine quand tu dégaines ton phone.

Tu te crois tellement fun alors que t’es juste ce fan

qui retwitte et followe les flux

en boucle dans ton couple

Puisque t’es en couple… avec toi.

Au fond, tu vis dans dix centimètres par cinq

T’habites dans ton écran et tu cherches la bonne

appli pour te faire la vaisselle.

T’ouvres le robinet et, quand tu bois, l’eau a un goût de pixel.

Tu vas partout, mais tu bouges pas.

 

Ah ! Excuse-moi, j’avais pas compris, c’est vrai :

Tu voyages ! Tu voyages avec tes doigts…

 

 

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