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Louise de Gustave Charpentier

Par GUILLAUME LEBOURGEOIS, publié le mercredi 28 mai 2025 14:16 - Mis à jour le mercredi 28 mai 2025 14:24
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Ce "Roman musical" en 4 actes et 5 tableaux sera joué à l'Opéra de Lyon fin janvier début février 2026

« Depuis le jour où je me suis donnée… » Peu d’opéras expriment de manière aussi suggestive la jouissance amoureuse et son potentiel émancipateur pour une jeune femme que Louise dans son air le plus célèbre. Issue d’un milieu ouvrier à la morale rigoureuse, l’héroïne choisit finalement d’affronter seule un avenir incertain dont Paris, ville de liberté et de perdition, est la personnification.
Avec son roman musical mêlant préoccupations sociales et aspirations idéalistes, sublimes envolées lyriques et grandes scènes pittoresques, Gustave Charpentier offre au XXe siècle son premier opéra. Grand connaisseur de l’oeuvre, Christof Loy révèle les zones d’ombre d’une société qui, loin d’affranchir ses filles, ne leur offre que des romances de pacotille pour sublimer un horizon borné de frustrations. La soprano Elsa Dreisig poursuit son exploration des rôles de toutes jeunes femmes entières et combatives ; elle est entourée des plus brillants défenseurs du répertoire français sous la direction de Giacomo Sagripanti à la tête du Choeur et de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon.

Charpentier qui veut, avec cet opéra, « faire aimer la vie » revient dans la presse de 1921 sur son projet : 

« Louise, j’ai voulu en faire le poème de notre jeunesse à tous, poètes et artistes, peindre les désirs, les enthousiasmes de nos vingt ans, quand nous rêvons de conquérir la Ville immense et le cœur de la fillette voisine, dont les rideaux s’entr’ouvrent parfois pour laisser passer un sourire… Louise, c’est le petit monde des humbles, des souffrants, des laborieux, vus en passant ; le regard d’envie des miséreux attentifs aux bruits de la Ville en joie… Louise, c’est le cœur des enfants, oublieux, « pour l’inconnu qui passe », pour un baiser dont le vertige les affole, de tous les sacrifices, de toute l’affection des parents ; c’est aussi le cœur des pères qui ne peuvent se résoudre à voir dans leur fille une femme, un être qui n’est pas leur propriété, à qui ils ne suffisent plus, et qui réclame de choisir librement sa part de soleil, sa part d’amour… Louise, c’est encore, c’est surtout la Ville étincelante, magique, la grande Ville qui fascine Louise et Julien, avec toutes ses promesses de bonheur inconnu, la Ville complice des amants et destructrice du foyer, qui, par les voix symboliques des marchands de la rue […] célèbre tour à tour les espoirs, la détresse, le triomphe de l’amour, crée l’atmosphère de la pièce, intervient mystérieusement et féeriquement dans l’action, hallucine Louise, vainc la famille… Un atelier de couture, les petites âmes des ouvrières parisiennes, si gentiment toquées de chiffons et de flonflons ; une fête joyeuse au sommet de la Butte, en l’honneur de Louise, cela, c’est encore Paris, du Paris pittoresque, et cela complète le décor d’absolue modernité que je voulais donner ma pièce. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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